la puta madre

Les adultes sont des cons. Suffit de regarder mes deux parents qui s’affrontent sur le ring pour le voir. Côté droite de la table, maman : une autre salope volage vivant aux crochets de son mari et qui ne cesse de tromper papa avec le facteur, l’épicier, le voisin et le chien du voisin pour ce que j’en sais. En face, papa : homme mécanique créé pour faire régner l’ordre, couler le fric entre nos mains pour, de toutes évidences, compenser le fait qu’il soit à chier au lit. Et au milieu de se bordel insondable, j’bouffe tranquillement mes pâtes en les regardant se gueuler dessus comme des clébarts enragés pour une histoire de serviette mal pliées. Les secondes s’envolent, les minutes passent et ils se souviennent subitement de ma présence. Virée à grand coup d’pied dans l’cul, j’traîne donc ma carcasse jusqu’au lycée de mon patelin paumé. Journée de merde, comme d’habitude. Lasse, monotone. C'est la merde. Puis j’rentre et j’me rends compte que la voiture du daron n’est pas garée devant la maison. Ma mère m’attend sur le palier. Elle a chialée. Les yeux rouges, fébrile, elle m’annonce que mon père s’est barré. Sans déconner. Puis elle me balance que j’pars à Paris, qu’elle peut plus s’occuper de moi, que mon frère va m’laisser un peu de place dans son appart, qu'il s'occupera de moi. Dans mon esprit, c’est le néant. C’est triste à dire, mais je m’en branle. J’prépare mes quelques affaires, prends mon skate, monte dans la voiture. J'prends même pas la peine d'annoncer la nouvelle à mes pseudos-potes. Et j’me dis que dans quelques heures, je serais chez mon frangin. Un sourire s'étire sur mes lèvres. Adieu St-Brieuc, bonjour Paris.

ton style c'est ton cul

C’est dégueulasse, c’est la merde. Bonheur affiché, sourire d’une niaiserie rare collé au visage, les couples s’avancent main dans la main, les yeux dans les yeux, transit d’amour et de connerie. Et je me dis que dans quelques semaines, ces pauvres gens finiront le cœur brisé et à deux doigts d’appuyer une lame de rasoir à leur poignet jusqu’à sentir le sang gicler. Depuis l’autoflagellation, aucun Homme n’a dû s’infliger tel supplice avec autant de bonne volonté. L’amour c’est de la connerie romancée. Une théorie foireuse que des pauvres cons ont inventés pour exalter l’acte, chasser la dépression post-coïtum. L'amour ça n'existe que dans l'imagination des pétasses qui carburent aux romans à l'eau de rose et écartent les cuisses pour le premier con qui affirme être le prince charmant. Faut se rendre à l'évidence ; Cendrillon a depuis longtemps déserté Paname. Il ne reste plus que des putes vénales, des hommes arrogants et le reste des déchets d'une société décadente qui baisent en hurlant comme des clébarts enragés qu'ils s'aiment, avant de se quitter le lendemain. L'amour ça craint.

son of a biche

On est tous chez moi. Clope fumante aux lèvres et toute une vie devant nous. On est pas une bande d’ados névrosés, superficiels, déprimés. On se prend pas la tête avec des conneries d’adultes. On fait des erreurs, qu’on rattrape ou pas. Les mêmes erreurs que la génération précédente a fait, que la génération futur fera. On baise, on sort, on fait des conneries. On a nos hauts et nos bas, mais on sait toujours qu’on a nos potes pour nous soutenir quand ça va pas. On a un avenir, qu’on encule prodigieusement, parce qu’on sait pas ce qu’il nous réserve et au final, c’est pas grave. Qu’on finisse président de la république ou caissier chez Netto, c’est du pareil au même. Y a que le salaire qui change au final. Je regarde Gabin, Roméo, Léo’, Brune et j’me rends compte que sans cette bande de décérébrés, je me ferais chier. Nous sommes notre plus grande force, notre plus grande faiblesse. On est la famille qu’on a choisi, qui nous fait oublier toutes les merdes de notre quotidien. On est faible, on est con, on est fou et on s’en fout a dit Gainsbourg. Et je sors un billet de cinq euros de mes poches trouées avant d’approcher la flamme vacillante du bout de papier qui s’embrase. On le regarde brûler, comme si c’était la société qui prenait feu. Comme si c’tait nos parents, nos profs et les autres connards qui nous emmerdent pour qu’on trouve un job et qu’on ait un salaire de trois mille euros par mois qui se consumaient dans le cendar. On se suffit à nous-même et on les emmerde.