L'eau chaude coulant le long de ses épaules aurait dû être agréable. Aurait dû. Mais avec la rougeur qu'arbore le haut de son dos, c'est peine perdu. La peau brûlée par le soleil le fait souffrir au moindre mouvement, au moindre toucher. Il éteint le jet d'eau sans regret, stoppant ainsi l'atroce torture. Plus jamais il ne ferait confiance aux crèmes soi-disant protectrice de sa petite-amie. Encore moins si elles ont l'étrange odeur de l'huile de monoi. Mais non, c'est juste le parfum. Il avait eu la soudaine envie de l'étriper en rentrant le soir de leur après-midi piscine. Mais la peste avait préféré rentrer avec ses copines. Étrange coïncidence. Il enfile son boxer et un jean qui trainait - il n'est même pas sûr que ce soit le sien - et s'empare du tube de Biafine. Se contorsionnant en jurant dans la petite salle-de-bain, il essaie tant bien que mal d'étaler la crème sur les coups de soleil. Son coude entre en collision avec le mur, lui arrachant un gémissement de douleur. Finalement blasé, il quitte la salle de bain en marmonnant et pestant contre le soleil à la recherche de l'un de ses colocataires. C'est finalement sur Al' qu'il tombe, installé sur le canapé semblant lire une revue sur il-ne-sait-trop-quoi. Parce qu'Al avec un livre, c'est comme voir Nabilla avec un dictionnaire. Aberrant. Avec une précision sans nom, Phil balance son tube de crème sur le magazine - tan pis si c'était l'un de ceux qui coutent un doigt - en s'installant dos à son colocataire. Tu peux m'en mettre ? Il montre du doigt son dos rouge écrevisse. Et me fais pas mal hein ? Ou je te décoiffe.

Elle va t'tuer un jour. Un sourire étire son visage et il ne peut s'empêcher de légèrement rire. C'est fort possible. Il ne sort pas avec une fille mais une chose obscure et malfaisante. Parfois, il se demande ce qu'il fout avec elle. Ils n'ont rien en commun hormis un dégout prononcé pour les carottes. Ce qui, au final, ne les rapproche pas plus que ça. Putain, on dirait une tomate.  Arrête. J'suis une tomate bandante. Je vais briser des cœurs avec une peau aussi cramée... Il offre un sourire amusé à son colocataire. Bah, il n'a pas la chance, lui, d'avoir des antécédents italiens ou autres et la peau bronzée qui va avec. La crème froide sur son dos lui arrache un frisson désagréable. Souffrir pour se soigner, génial. Attendant sagement que l'autre daigne appliquer le baume, il sursaute lorsqu'une main s'abat avec force sur son pauvre dos meurtri. Il s'arque sous le coup, feulant de douleur. Tout son corps est électrifié. Par réflex, il balance son coude vers l'arrière, heurtant seulement le vide, ses oreilles agressées par le rire d'Alceo. Salope. Il se moque en plus. Il se retourne vivement et agrippe un bras bronzé avant de plaquer son colocataire sur le canapé, un sourire victorieux sur les lèvres. Il détaille du regard Alceo, à la recherche d'un "on-ne-sait quoi", parcourant sans gêne le corps de son colocataire. Parce qu'avec lui, il n'a jamais fait attention à rien, n'hésitant pas à entrer pour pisser alors qu'il se douche. C'est Alceo quoi. Un sourire victorieux étire ses lèvres alors qu'il empoigne le tube de biafine planqué entre le canapé et la cuisse de sa - future - victime. Ouvrant le capuchon avec les dents - une de ses mains occupées à retenir tant bien que mal Alceo -, il approche la crème des cheveux si bien coiffés. Quelle jolie coiffure. T'es tout beau aujourd'hui Al'. Glissant deux doigts entre les mèches de cheveux, il sourit moqueusement. Il a déjà entendu des filles s’extasier devant la touffe d'Alceo. Sa propre copine trouve qu'il se coiffe "super bien et s'habille comme une gravure  de mode. Trop beau". Lui, ça l'amuse - et le rend un peu jaloux. Un peu de crème, ça devrait les rendre plus doux... non ?