Née d’un père français et d’une mère anglaise à Londres en 1988, je porte le nom de mon père. Malgré mon nom de famille, la mienne n’était pas vraiment riche mais je n’ai jamais manqué de rien. Pourtant, mes parents étaient loin d’être le couple idéal, ils se disputaient souvent et j’en ai subi les conséquences. Ils ont fini par divorcer lorsque j’ai eu huit ans. Mes frères et sœurs n’ont pas eu l’air d’y être aussi sensibles que moi, allez savoir pourquoi… Peut-être que je me trompais. Alors, ma mère a décidé de venir s’installer en France avec Michael - un de mes frères - et moi, ce que j’ai toujours trouvé bizarre étant donné que c’était le pays d’origine de son ex… Les autres - mis à part Mike - n’ont pas voulu la suivre à ce moment-là, donc ils sont restés à Londres.

Quelques temps après notre déménagement, elle a rencontré quelqu’un et ils n’ont pas attendu longtemps avant de se mettre ensemble. Chose qui m’a énormément perturbée… J’avais l’impression qu’elle avait toujours eu hâte de se débarrasser de mon père et qu’elle avait voulu retrouver un autre homme au plus vite. Il faut dire qu’on n’a jamais été proches, et que si j’avais dû choisi entre elle et mon père, je serais restée avec ce dernier.

Celui que je pourrais qualifier comme étant mon beau-père n’a jamais fait d’efforts pour que je ne souffre pas de la situation. Il s’en foutait et peu à peu, ma mère devenait comme lui. Insensible à ma douleur. La seule chose dont je pouvais profiter n’était rien d’autre que de l’argent que ce mariage avait apporté. Avant tout ça, j’étais heureuse et leur histoire m’a complètement détruite. Depuis, j’ai changé : je suis devenue une peste, achetée par des cadeaux qui valaient à peu près plus que le revenu annuel d’un chargé d’affaires dans une grande boîte. En fait, je pourrissais dans ce fric qui m’appartenait à peine. C’est limite si je n’avais pas plusieurs comptes en banque pour le conserver. Les plus jaloux me crachaient au visage qu’on me donnait de l’argent au lieu de l’amour et je me forçais à me contenir pour ne pas exploser de colère tellement je savais qu’ils avaient raison.

Au lycée, je faisais partie de l’élite. Les garçons étaient tous à mes pieds et je passais tout mon temps dans les fêtes. On se demandait toujours comment je faisais pour avoir des bonnes notes malgré tout. Or, j’étais jeune et assez naïve. Je ne me méfiais pas assez des garçons et ça m’a posé quelques problèmes… La plupart profitait de moi ou de mon argent. Mais le pire que j’aie jamais connu s’est emparé de mon cœur et ne s’est pas gêné en sachant que j’étais raide dingue de lui. J’ai eu tort : il se foutait de moi depuis le début. Qu’est-ce qui se serait passé si je ne l’avais pas surpris complètement à poil avec une autre lors de ces nombreuses soirées auxquelles j’assistais sans exception ?

Je n’ai pas été amoureuse souvent mais depuis la fin du lycée, quand j’ai vécu ma plus grosse déception sentimentale, je n’avais pas envie de retomber là-dedans. Pourtant, il a fallu que ça m’arrive une nouvelle fois. C’était à l’époque où je prenais des cours de conduite. J’ai vécu quelque chose avec mon moniteur, Alex. Entre nous, c’était pour le moins explosif, comme j’étais toujours convaincue d’avoir raison et que je ne supportais pas qu’on me contredise. Un jour, j’en avais tellement marre que je me suis arrêtée en plein milieu et que j’ai lancé la clé je ne sais où. Ce n’est pas comme si j’étais surprise qu’il soit énervé… ! Je marchais vite même si j’avais conscience que je ne pourrai pas rentrer chez moi comme ça. Pendant ce temps-là, je me faisais traiter de tous les noms et je décidais de ne pas réagir alors que ça m’affectait plus qu’on n’aurait pu le penser. Il voulait me forcer à chercher la clé avec lui, j’ai refusé car c’était hors de question que quelqu’un décide de ce que je devais faire. Je l’ai poussé, il est tombé, puis je suis tombée dans l’herbe à mon tour. C’est limite si on se tirait pas les cheveux comme des gosses. Il a retrouvé la clé et comme j’étais trop loin de chez moi, j’ai dû remonter dans la voiture. Cinq minutes plus tard, sans savoir pour quelle raison, je m’arrêtais de nouveau en gueulant que j’en avais marre. C’est à ce moment-là qu’il est sorti du véhicule afin de me plaquer contre le capot pour m’embrasser. Ce n’est pas comme si ça m’avait déplu ! On a fini par le faire et je suis rentrée plus tard que prévu à la maison.
Quelques temps après ça, on est sortis ensemble mais tout était différent… Tout avait changé alors on a décrété de ne plus être en couple et de s’en limiter à coucher ensemble de temps en temps, à boire des verres. Je sais que je l’aime encore et que je préfère ça à ne plus le voir du tout. Je me doute qu’il voit d’autres filles que moi et je ne peux pas m’empêcher d’être jalouse. Je fais des efforts pour qu’il ne s’en rende pas compte et la question qui m’obsède c’est « est-ce qu’il m’aime, lui ? ». Je pense que je ne pourrais pas supporter si jamais il venait à être en couple avec une autre que moi.

Enfin, j’ai fini par trouver un travail après le lycée. Je sais que je n’ai rien de tous ces mannequins anorexiques, à part peut-être le salaire que je gagne – dont je n’ai même pas besoin. Jamais je ne me suis fait vomir pour réussir, je n’ai pas non plus touché à toutes ces poudres qui sont censées les montrer au meilleur de leur forme au monde entier. J’ai tout simplement postulé dans diverses agences avant d’être contactée par quelques stylistes désirant se faire une place dans le domaine de la mode. De plus, j’ai cette passion pour les vêtements que toutes les autres n’ont pas forcément. Je n’ai pas eu à me taper qui que ce soit pour en arriver là où j’en suis et ça, je peux au moins en être fière.

Aujourd’hui, je vis seule et je me dis que ce n’est pas plus mal. Je pense qu’il faut que je profite avant tout des opportunités qui s’offrent à moi au niveau travail. Depuis quelques temps, j’ai mis l’amour au second plan même si je sais pertinemment qu’il y a plus que du sexe entre Alex et moi.