L'HISTOIRE
« Why do I try, I know I'm gonna fall down. »

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« Je meurs sous un silence effréné, juste pour t'entendre respirer égoïstement... Et c'est le seul moyen pour ne pas chuter encore, puisqu'il ne me reste que ça comme spectacle. Je crève comme un chien qu'on abandonne au bord de l'autoroute et qui ne retrouve pas son chemin au fil incessant des bruits terribles des voitures qui roulent trop vite, et tout ça pour avoir eu la connerie "d'aimer". Tout ça pour être dévisagée, jugée, rabaissée. Détruite, en somme. Qu'on ne me dise pas d'y croire plus tard, la croyance, c'est pour les cons. Laissez-moi donc finir d'agoniser, achevez-moi, je n'en sais rien, mais ne tentez plus de me sauver, c'est désespéré. Ma vie arrive juste à son terme. »

Angelus ferma son calepin. Et le planqua à nouveau là où, chaque fois qu'il le prenait, il prenait soin de le ranger. Il n'a que vingt ans, et sa vie est loin d'être enviable. En réalité, lui, comme tous les gens qui l'entourent, le détestent. C'est un gamin sans amis, qui n'a de cesse de penser à des choses dont tous les jeunes se moquent. Les malheurs de la vie, les gens ou les êtres qui ont besoin d'aide plus que jamais. Il ne joint plus les deux bouts de sa vie sociale, son père s'en fout. Alors lui aussi. De toute manière, il n'a jamais été assez bon pour qui que ce soit. Ainsi, Angelus se lève de sa chaise, ouvre l'armoire, et y trouve une large ceinture, aussi résistante qu'autrefois on savait les faire. Il fait un noeud, pour l'attacher à la poutre qui traverse le haut de sa chambre. Angel monte sur une chaise. Puis la renverse. Pour lui, c'était fini. En quelques fractions de seconde, plus un son, plus une vision. Enfin, le calvaire est terminé.

Le moniteur se fait entendre. Des « bips » réguliers. L'homme se réveille. Enfin. Personne à son chevet. Sauf une infirmière, qui vient de se précipiter pour lui. Quelle raison à cette course ? Peut-être simplement qu'aujourd'hui, Angelus a trente ans. Il a passé dix ans dans le coma. Au lieu de le laisser mourir, son père l'avait détaché, afin de ne pas passer pour l'assassin de son fils, sait-on jamais, alcoolique qu'il était. Ainsi, l'infirmière est là pour tout lui expliquer. Il ne se souvient pas de grand chose. Après tout, il n'y a pas grand chose à se souvenir. On lui rappelle juste qu'il n'est pas en Allemagne mais à Paris. Et on lui apprend que son père est décédé. Pas de quoi casser trois pattes à un canard. Angelus attend patiemment de pouvoir sortir de l'hôpital, rien ne l'attend dehors. Seulement, une fois qu'il y est, c'est le vide qui s'empare de lui.