« amour, amour ? sauras-tu tirer mon cœur de sa langueur pour un ignare mortel ? ou n'es-tu qu'une piètre imposture ? un vulgaire miroir aux alouettes ? ce terrible mirage dont on s'éprend affreusement plus que l'être aimé, lui-même ? car mes lèvres de pierres ne sont qu'insensibles aux charmes du destin, et saignent toutes celles qui s'y sont tentées. et mon corps, superbe moisissure, ne semble subir les outrages du temps, n'en as-tu pas fait que mon propre caveau ? ne suis-je pas vouée à ne vivre que pour mourir ? à m'éteindre d'une flamme rugissante ? »
texte griffonné à la hâte au coin d'un cahier par brune.

éternel, infini. deux notions qui t'échappent malgré ton esprit aguerrit. elles ne te semblent qu'une affreuse supercherie bien qu'elles ne te sont guère inconnues. tu les côtoies en dépit de ta volonté, de ton désir de liberté. et c'est tel un fauve en cage que tu ronges de tes crocs ta patience. tu l'entailles sans la faire plier. tu sévis sous cette injustice. tu t'y ploie et ta nuque n'est que poussière à force de se tordre. tes genoux se sont qu’extension du sol. ils ne sont que pierre, et tu cohabites avec ta démence. elle seule, est témoin du malheur de tes rouages, et de ta peine. tu la laisses toute entière te sonder, et tu t'abandonnes à ce partage. tu te complais dans cet étrange accord, et ton corps complet, s'y plonge à grande joie. pourtant, n'est-elle pas, de sa propre initiative, que la terrible cause de tes maux ? de ces tourmentes qui te poursuivent ? et ces voix qui te hantent ne sont-elles pas que mille déclinaisons de la sienne ? tu démens et tu n'es que combat. tu te débats contre ces folles idées naissantes et tu les broies de tes doigts de pauvre folle. car cette pleine conscience se meurt doucement en ton sein, et tu l'ignores. tu laisses ton for intérieur pourrir. un jour, peut être ?, ne sera-t-il pas de même que pour ta pauvre personne ? cela te procure cette fatale ivresse. cette différence qui te séduit. tu te plais dans cette spirale, piètre incomprise. et cette vie qui ne te semble qu'aussi insipide que cet éternel carrousel miniature qui danse en ta paume d'enfant, tu l'écrases de la même manière. car tu n'es après tout qu'une pauvre fille désillusionnée. et ton cœur n'est qu'un pâle monceau de pessimisme. est-il simplement en mesure d'éprouver la plus ridicule vague qu'il devrait subir ? sombre monstre d'amertume. de rancœur contre un monde que tu n'as jamais gouté : tu te fondes de par l'esprit galvaudé de tes ainés. tu n'as de vie, et tu n'as pas le recule nécessaire pour t'en rendre compte. de par ton prisme, tu observes. tu n'y vois que d'atroces immondices que tu attributs aux autres que toi. mais, vaux-tu davantage que ces êtres qui sont sujet de ton rejet ?