L'HISTOIRE
« Sous ce masque, il y a plus que de la chair. Sous ce masque, il y a une idée Creedy... Et les idées sont à l’épreuve des balles. »
Je la regardais. Elle était tellement belle. Délicate. Ses yeux étaient cernés. L’effet des nuits blanches qu’elle passait à la poursuite d’un rêve. De son rêve. Malgré cela, ses cheveux étaient soigneusement coiffés. Elle avait mis sa plus belle robe. Et surtout, elle m’offrait son plus beau sourire. Ma main attrapa la sienne avec tendresse.
« Tu devrais arrêter de fumer. ». Je la regardais avec un sourire amusé. Il n’y avait qu’elle qui pouvait me dire ça. Il n’y avait qu’elle qui avait le droit.
« Et toi, tu devrais dormir petite sœur. ». A son tour elle afficha un sourire amusé. Son discours je le connaissais déjà.
Je n’ai pas le temps pour ça. Je veux réussir la fac de médecine. Avec tout l’argent que tu dépasses pour moi, je te dois bien ça. Et puis, quand je serais externe dans un hôpital je dormirais maximum deux heures par nuit, il faut bien que je m’y fasse. J’allais lui répondre
qu’elle ne devait pas y laisser sa vie et son énergie. Et puis, en tant qu’étudiante en médecine, elle devait savoir que le corps et l’esprit ont besoin de se reposer. C’était toujours la même rengaine avec ce sujet. Avant de retomber sur d’autres sujets. Avant de tout se dire.
Ma petite sœur, Colombe et moi nous sommes nés ici, à Paris. Ma petite et moi, nous n’avons jamais vécu dans le luxe. Nous avons grandi sans père. Mais, nous avons eu des valeurs en or, telle que celle de la famille. Ou ne jamais cesser de croire en ses rêves. Depuis que nous sommes gosses, l’ambition ce n’est pas ce qui nous manque. Moi, je suis sorti de la merde. J’ai réalisé mes rêves. A moitié. Je fais du fric en étant designer. J’ai la vie du parfait petit Parisien. Celui qui a de l’argent. Qui aime se débaucher. Mais, elle, elle est dans sa petite chambre étudiante. Elle, elle a manqué de faire une croix sur ses rêves avec la mort de maman. Mais, avoir autant de fric, si je ne peux pas payer les études de ma sœur. Je ferais tout pour elle. Elle est mes plus beaux sourires. Et mon plus précieux secret. L’homme que je suis n’est pas le frère que je suis. Entre ces deux Hommes, il y a un monde.
J’écrasais ma cigarette. J’en prenais une autre. Toute cette nicotine ne parvenait pas à me calmer.
« T’façon j’ai pas trop d’idée sur la question, t’sais moi j’suis pas gay donc tu vois. ». La passivité des français. Des Parisiens. La passivité, tout ce que je déteste. La Passivité. Comment peut-on se permettre de n’avoir aucun avis sur ce sujet ? Même nuancé, c’est nécessaire. On a beau des manifestants, ceux qui se battent pour leurs idées. On a beau dire qu’ils en font trop, eux ils agissent. Bordel de merde, c’est en étant aussi passif que notre vie nous échappe. Qu’on se laisse entuber par ces connards de politiciens.
« C’est pas ma guerre ! ». Je grinçais des dents en l’entendant rire. Il croyait vraiment que sortir une réplique connue et reconnue était la chose à faire ? Que rire de la connerie humaine était une bonne chose. Je me levais. J’écrasais ma clope dans le cendrier.
« Peut-être que ça ne vous concerne pas directement mais, ne pas avoir d’avis c’est laissé les autres choisir pour vous. Vous pensez que ça n’influe pas sur votre vie mais, la réalité c’est que ça influe sur le pays tout entier… ». Je jetais un vulgaire billet avant de quitter le café.
Je devrais apprendre à fermer ma gueule. Mais c’est plus fort que moi. Je ne peux pas m’empêcher de dire ce que je pense. Et en plus j’ai toujours un avis sur tout. Quand j’étais enfant ma mère m’a acheté un petit carnet.
« Comme ça au lieu de dire à la voisine que son appartement sent un mélange de transpiration et de renfermer, tu l’écriras. Écrire ce que l’on pense parfois, c’est mieux que de le dire. ». J’en ai rempli des milliers de carnet comme maman m’avait offert. Même si ça n’empêchait rien. Même si je disais toujours ce que je pensais. Même si je donnais toujours mon avis le plus honnête qui soit. J’ai toujours adoré écrire toutes mes pensées. J’ai toujours adoré écrire. Enfin, à la base ce n’était pas le sujet.
C’était le soir. J’avais le cul posé sur un banc. Entouré d’arbres et de pelouse soigneusement implantée. Petit parc au cœur de Paris. Un bout de jardin perdu au milieu du bitume. La brise légère et fraîche de la nuit venait fouetter mon visage. Je levais mon regard au ciel. Pour regarder les étoiles. Le peu d’étoiles visibles. Merci nuage de pollution pour gâcher notre ciel. Parfois je me dis qu’on devrait revenir au temps où nous étions à cheval. Où Paris était une ville. Et non une usine géante. Parfois, je me dis que je suis carrément vieux jeu. Mais parfois je me dis aussi que cette aire moderne n’a pas que du bon faut bien l’admettre. Sur cette réflexion personnelle, je reposais les yeux sur ma feuille. Le plus naturellement du monde, je me mettais à écrire. Paris m’inspirait. Dans toute son horreur. Dans toute sa splendeur. Paris était ma ville. Mon paradis. Mon enfer. Paris, je n’avais besoin que de ça pour écrire. Les mots se déversaient sur ma feuille blanche sans que je m’y force. Ma vraie passion était là, entre ses lignes. Ma vraie passion était d’écrire mes histoires. Le jour, j’étais un designer. Un excellent designer. Mais, ce à quoi je pensais toute la journée, à tout moment c’était écrire. Écrire, je pourrais passer ma vie à ça. Mais je m’étais juré de ne plus vivre dans la misère. Et de ne jamais écrire pour le fric. Le talent n’est pas commercial. Me mettre au niveau des adolescentes qui n’ont même pas encore leurs règles, non merci. Écrire était ma raison de vivre. Mais pas une façon de vivre.
Agathe. Ah Agathe. J’aime la rendre folle. La faire sortir de ses gongs. Voir ses traits changer. Agathe, il n’y a pas plus sexy qu’elle quand elle s’énerve. Agathe elle me fait perdre la boule. Avec elle je ne sais pas qui je suis. Je suis une toute autre personne. J’aime qu’elle me fuie. J’aime encore mieux quand elle revient. J’aime lui faire peur. Elle qui ne veut pas s’attacher. Agathe, je ne serais pas dire ce que j’attends d’elle. Ce que je sais c’est qu’elle est particulièrement attirante. Pas physiquement. Enfin si, elle l’est. Avec sa silhouette longiligne. Ses cheveux blonds. Et son style bobo chic. Son côté Parisienne parfaite. Si, physiquement, elle est attirante. Séduisante. Délicieuse. Mais, ce n’est pas de ça que je veux parler. Ce n’est pas ce qui m’attire le plus. Ce n’est pas ce qui me rend accroc à elle. Qui me rend complètement fou. Non, ce qui fait cela c’est elle. Son côté secret. Son côté critique. J’ai un avis sur tout. Sur ce point on ressemble. Quand nous ne sommes pas d’accord, c’est beau. Ça fait des étincelles. Son côté je veux t’envoyer chier. Mais je te veux quand même. Agathe elle est indépendante. Et l'idée même de dépendre de façon infime de quelqu’un ça lui file des boutons. Mais, Agathe, mon Agathe elle a un cerveau farfelu. Plein d’idée. Agathe c’est un paradoxe à elle toute seule. Agathe, elle est unique. Agathe c’est avant tout mon Agathe.
HORS JEU ▹
GROUPE : Serge Gainsbourg ▹
AVATAR : Mathias Lauridsen ▹
SCENARIO ou PERSONNAGE INVENTE : Semi Inventé
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PSEUDO/PRENOM : Cam (j'ai même plus l'habitude d'écrire mon prénom complet, ça me fait peur
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ÂGE : Dix-huit ans ▹
OU AVEZ VOUS CONNU LE FORUM? : Linaa
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PRESENCE : Régulière, je passe au moins cinq jours sur sept. Après je poste une à deux fois par semaine.