Je m'appelle Alban, enfin Alban Marshall et mon deuxième prénom c'est Maxime. Je suis né le premier mai, t'sais la date du muguet ? En 1990, donc si tu sais compter t'as compris que j'ai 22 ans, 23 bientôt. J'ai un bac stg, stmg maintenant, intéressant, je sais. Rien de plus tu te dis ? Non rien, la flemme, je suis pas fait pour étudier. Tu te demandes comment je m'en sors à présent, c'est ça ? Bah je suis barman quelques soirs, ou dj. Ou encore parfois je fais des petits concerts dans les boîtes où je taf, parce que je chante et je joue de la guitare, de la batterie aussi, et du piano, mais ça c'est un secret tu vois. Sinon des fois je suis mannequin, modèle photo tout ça tout ça. Mais en vrai, mon vrai taf, c'est dealeur. Ouais je deal. Je sais, je suis méchant pas beau vilain rebelle machin truc chouette et merde. Sinon, je vis en colloc.
Tu sais, ma mère est morte quand j'avais 5 ans, un cancer. Un putain de cancer de merde. C'était une belle femme, une avocate brillante. Mon père, il est mort quand j'étais en terminal, avant le bac, 18 ans depuis peu, j'ai pu m'assumer seul. De toute façon, j'avais personne d'autre. Pourquoi ? C'est comme ça. Et puis avec l'héritage de mes deux parents qui gagnaient très bien leur vie, c'était pas compliqué de s'en sortir. Ah ouais aussi, mon père c'était un ingénieur cadre assez âgé, imaginez.
Ouais, c'est à cause de ça que je suis parti en couille. Que je suis devenu un vrai bâtard, arrogant, hypocrite. Coeur de pierre, impulsif, manipulateur. Une langue de vipère testant les limites. Un bagarreur séduisant et baisant dans tout les coins. Et même que je bois, et même que je fume. Je suis presque tout le temps mort.
Je m'en bats les couilles des autres, je m'en bats les couilles de la vie, rien qu'un monde de putes. Je crois plus en moi, je crois plus en eux, j'avance sans joie, j'avance sans plus de peine. Je vis en mourant à chaque instant. Je vis parce que j'ai pas le courage d'en finir, j'y pense même pas tu sais, à croire que je préfère souffrir le martyr plutôt qu'arrêter là. Je fais comme si j'étais fort, mais à l'intérieur, je suis brisé.