L'INVITATION AU VOYAGE.
« Mais il faut pas que tu désespères, perds pas espoir
Promis-juré qu’on la vivra notre putain de belle histoire
Ce sera plus des mensonges, quelque chose de grand
Qui sauve la vie, qui trompe la mort, qui déglingue enfin le blizzard. »

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D'aussi loin qu'il se souvienne, il n'avait jamais été heureux lorsqu'il était enfant. Il lui manquait quelque chose. Oh bien sur, il y avait eu des moments heureux, des moments d'extase. Mais rien n'avait jamais rivalisé avec le bonheur émerveillé dans lequel il vivait depuis qu'il avait rencontré Thibault. Thibault c'était la personne qui rendait à ses jours la saveur qu'ils avaient perdu dès sa naissance.
Thibault, arrête de bouger. Je n'arrivais pas à saisir les traits de mon ami, trop occupé à se rouler un joint. Je soupirais alors, posais mon fusain et attendis que mon colocataire ait fini son "œuvre d'art". Je n'arrivais jamais à finir le portrait de Thibault, puisque mon colocataire ne tenait pas en place, plus incandescent que la vie et mutin, il s'enfuyait lorsque j'essayais de terminer son visage. Mon carnet à dessin était remplit de parties de lui. J'arrivais seulement à dessiner un contour d'une oreille, une lèvre, quelques dents d'un sourire. Ce calepin était une vraie ode à Thibault. Il le savait et adorer me taquiner. Je lui avais même promis qu'une fois fini, le carnet recomposerait son visage en entier. Allez on sort, j'en peux plus. L'odeur de mâle qu'on dégageait commençait à emplir tout l'appartement et le désordre était le mettre mot. Du coup, je comprenais qu'il veuille fuir un peu notre studio puant. Mais je n'aimais qu'il puisse se soustraire aussi facilement à mon regard. Qu'il puisse préférer aller boire et draguer en boite plutôt que passer un moment seuls. Mais lorsqu'il se leva en s'appuyant sur moi, puis me prit la main pour m'aider à me relever à mon tour, je ne pus me résoudre à faire une réflexion. Une simple pression de Thibault parvenait à m’insuffler de l'énergie. Comme un simple touché de ma part arrivait à le calmer. Arrivés dans notre bar préféré, je vois Thibault commander deux pintes et sortir un billet de cent euros pour une bouteille de vodka a servir plus tard. Alors que le serveur lassé par nos têtes se dirige vers une table plein d’œstrogène. Je regarde Thibault bizarrement. T'as croisé Bettencourt ou quoi ? en montrant le billet posé sur la table. J'essaye d'oublier qu'il vend parfois des dizaines de façon de se bousiller. J'ai jamais dit que j'ai jamais essayé, mais je suis pas client de ce genre de bonheur en poudre. Et puis, de toute façon, moi j'en ai une de drogue, qui me détruit bien assez. Thibault. Presque. Dans un clin d’œil énigmatique, il disparaît. Je soupire et plonge le nez dans la mousse de ma pinte. Je bois en méditant sur ses paroles. Où a-t-il bien pu dénicher ce fric ? Parce que ma bourse permet à peine de payer le loyer et pourtant on a jamais réellement eu de fin de mois difficiles. Je préfère fermer les yeux sur ses activités extra. Au bout de quelques minutes sans Thibault, je me sens un peu perdu, étourdit. Il faut qu'il revienne, qu'il me revienne. Pour penser à autre chose que son absence j'inspecte les autres. Certaines têtes me donnent envie de les gribouiller. Un stylo à la main j'esquisse les contours du couple à droite sur la nappe en papier. Le bic c'est bien, ça bave pas trop, surtout lorsque la bière imbibe peu à peu tout le papier. C'est lorsque mon téléphone vibre que je comprends pourquoi Thibault est si loin. Sors une clope, aie l'air normal. Et à la sortie, tu cours. Merde. Ce con s'est cassé et ne m'a même pas prévenu. A vrai dire c'est pas la première fois qu'on joue au "je bois mais je paye pas", mais je supporte pas partir le dernier. J'ai toujours une peur panique de me faire pincer et je déteste être abandonné. Je sors une gauloise du paquet écrasé qui s'était aplatit au fond de ma poche. Et d'un air totalement naturel je me dirige vers la porte. Lorsque le vent frais de la nuit me fouette le visage j’aperçois Thibault un peu plus loin, draguant ouvertement deux jeunes filles à la fois. La rousse est extrêmement jolie, mais surtout, mais elle est également dangereusement mineure alors je me dirige vers eux. Moi c'est Victor. Avec un sourire entendu,
LES NUITS FAUVES.
« Offre-moi dès ce soir ta peau brune et tes lèvres mauves.
Tes seins, tes reins, tes cheveux noirs
Et qu’on se noie dans les nuits fauve. »
Cassandra s'était frayée un chemin là où personne ne s'était jamais immiscé. Thibault et Victor lui avait permis de rentrer dans leur monde.

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