L'HISTOIRE
« T'as les dents tellement jaunes que le soleil est jaloux. Khô»

---

Il aurait suffi que tu me dises. Que tu le cries assez fort pour que je reste. On aurait coulé des jours heureux, à deux. Il aurait suffi que tu l’écrives, en MAJUSCULE. En minuscule. En bleu. En noir. En vert. En rouge. En toutes les couleurs : j’m’en fiche. Et si j’étais parti ? Si les rôles s’étaient inversés ? Alors quoi ? « Alors, putain, Anatole t’écris comme une tapette » je souffle, un sourire étirant mes lèvres. Mon frangin donne dans le mélodrame. Le drame c’est qu’il se sente assez puissant pour déverser son cœur sur une feuille et espérer l’envoyer à l’épouvantable garce qui vient tout juste de le larguer. Pas un gramme de fierté. Merde. J’aimerai lui en filer un peu, histoire qu’il n’aille pas la vendre à la première conne qui lui aura ravi sa pompe sanguine : « Sérieux, Totole ? Mais passe-moi cette foutue lettre » je la lui arrache des mains et prends soin d’en faire des confettis : « T’es un homme ? » Question stupide. Il écrit des poèmes, donne des noms aux étoiles et écoute du Coldplay. « Tu ne vas pas chialer ? » je lance, le voyant ciller comme s’il venait d’essuyer la pire insulte ou bien la pire des gifles. La vie est courte, aussi courte que son popole, il devrait siffler quelques bières et arrêter de se châtrer à coup de Shakespeare : « Sinon, à la base, t’es venu pourquoi ? ». Il s’adosse au chambranle et penche la tête perceptiblement sur le côté : « Papa en a marre de payer ton loyer ». C’est.tout ? « Par contre, il n’en a pas marre d’entretenir sa poupée brésilienne. Il est venu tanner maman ? ». Il opine du chef. Comme toujours, Bertrand est un trou d’balle carriériste qui n’a aucune autre perspective dans la vie que rendre notre vie douloureuse. Il a commencé il y a 10 ans, en claquant la porte. « Rien à battre. Tu lui diras d’aller claquer d’une crise ». Evidemment, Anatole est trop gentil, trop effacé. Trop docile. Un petit cochon soumis : « Elle est canon ta colloc’ ». Je ricane. Comment passer du coq à l’âne en une nanoseconde : « Je t’arrange un coup ? ». Cette salope serait capable de tout pour une nouvelle paire de Lebabouin ou j’sais pas : « Tu me chambres ? ». Je le fixe, j’ai l’air ?

« Cours » Je m’élance, les poumons vides, je suffoque pourtant, je trouve la force de m’esclaffer d’un rire franc. C’est n’importe quoi. La vie, c’est se demander pourquoi ? Et se recevoir un : parce que. La vie, c’est une succession de « parce que » frustrants qui t’arrachent la gueule. Alors, on te dit : 100 %. Tu entends 100 à l’heure. T’appuie sur la pédale d’accélérateur. A fond. A fond sinon : rien. Moi, je déteste la demi-mesure. « Contrôle de police, les minets ». Contrôle avec toucher rectale en prime ? « C’est bon. Personne n’est mort en écoutant du Jay-Z ? » « Si, la dame du 3 ème juste-là » crache-t-il, désignant l’immeuble face auquel la bagnole de mon poto Momo est garée. Cette bonne vieille, elle crève chaque jour de 1000 morts. « Vos papiers, les gars ». « Avec le sourire, msieur l’agent » je demande, un énorme déformant mes lèvres : « Délit de fuite avec le sourire » « Tu nous connais depuis le temps que la vioc téléphone au comico. Puis, on a vu la caisse, les gyro ‘, reflexe tsé». Regard concupiscent. Je dégaine ma carte d’identité. La routine.

---

HORS JEU ▹ GROUPE : Gainsbarre ▹ AVATAR : Mikkel Jensen▹ SCENARIO ou PERSONNAGE INVENTE : inventé ▹ PSEUDO/PRENOM : Nela je n'ai pas vraiment de pseudo fixe ▹ ÂGE : ▹ OU AVEZ VOUS CONNU LE FORUM? : Le père Fouras ▹ PRESENCE : 03/7 je suis un ministre