Depuis tout petit, j'ai cru que j'étais le roi. Enfant, je faisais ma loi, j'étais la terreur des bacs à sable. Le premier gamin qui venait me déranger finissait avec la tête coincée dans un saut. On le faisait sortir avec une pelle en guise de levier, pendant que moi je rigolais, puni dans un coin de la cours de récréation. Mais ça, je m'en fichais. Une punition n'avait pas le moindre effet sur moi. Je répondais à l'institutrice, j'avais plus d'ennemis que d'amis en classe, j'improvisais des cours d'éducation pseudo sexuelle dans la cours, je volais les jouets des autres enfants et je leur rendais cassés. J'étais une véritable tête à claques, hyperactif à temps plein, inépuisable. Tout le monde avait envie de m'attraper et me frapper la tête contre un mur pour me calmer ; mes parents y compris. Pourtant, ce que je pouvais l'aimer mon père. C'était peut-être le seul adulte que je respectais vraiment. Avec lui, je filais droit. Quelque part, je le craignais un peu. Il ne faisait pas marrer mon père. Et pourtant, l'attention qu'il me portait me rassurait. Quoique je fasse, il ne baissait pas les bras face à moi. Il croyait en moi quand tous les autres me considéraient comme un cas désespéré. Alors certes, il me corrigeait, cherchait à me punir, serrant toujours plus la vis à la maison. Moi, je le provoquais sans cesse. Je l'avais pris comme un jeu, une compétition. Maso ? Peut-être.

Avec l'âge, je ne me suis pas arrangé. Ce fut même la dégringolade. C'est au collège, vers l'âge de 14 ans, que j'ai perdu mon père dans un accident de voiture. Ce fut un véritable choc, et je fus littéralement englouti par la colère et la rage. Impossible de faire mon deuil, j'en voulais à la terre entière et je faisais savoir par des excès de violence. Lorsque ma mère tenta de me présenter à un psychologue, je lui ai dit tout le reste. C'est probablement ce qui a rompu toute communication et échange avec elle. La voir avancer alors que j'étais bloqué dans ma bulle de chagrin, était si difficile que je m'en prenais à elle et je lui faisais payer à ma façon. « Vas-y, va appeler ton papa pour te défendre, mauviette ! » -m'avait-on balancé en pleine tête dans la cours du collège. Sale enfoiré ! Mon sang n'avait fait qu'un tour, et je m'étais jeté sur l'adolescent pour lui démolir la tête et lui faire ravaler ses paroles. Je me suis fait renvoyé de l'établissement, j'ai eu droit à 4 mois en maison de correction, j'ai fait pleurer ma mère : j'étais ravi. Violent, impulsif, j'ai peu à peu sombré. Je suis même carrément parti en couilles ! Le temps a eu raison de moi, cicatrisant doucement mon cœur d'enfant sans jamais réussir à totalement refermer la plaie. Alors j'ai compensé autrement : soirées, excès, filles... Oh oui, les filles... Je n'ai pas été puceau bien longtemps. En troisième, je goûtais aux plaisirs de la chair. Enfin façon de parler, car en y repensant ce que ça avait été nul. De plus, malgré ses jolies formes, la nana n'avait pas été le coup du siècle.

L'adolescence et les années lycée ont fini de me forger, tel que je suis aujourd'hui. C'est durant cette période que je me suis le plus lâché, souhaitant faire toujours plus de nouvelles expériences. La réputation ne fut pas difficile à construire, étant le gars que l'on repérait entre mille ; loin du respect des règles ; et même du ''respect'' tout court. Je n'arrêtais pas d'être convoqué pour des conneries en tout genre, je dealais un peu d'herbe, je prenais les filles pour des kleenex... Je les prenais, je les jetais ensuite. Un petit coup dans les toilettes, dans une chambre prise au hasard lors d'une soirée... Sans arrêt, sans jamais m'attacher. En fait, j'avais tout simplement arrêté de penser, de réfléchir. J'agissais selon mes envies, parfois bestiales c'était un fait. Je fichais des conséquences, je me moquais des autres. Tout ce que je voulais c'était oublié ma propre souffrance en me laissant aller ; ne pas voir que ma mère avait refait sa vie ; ne pas croire qu'elle aussi allait m'abandonner. Malheureusement, elle l'avait déjà fait depuis un moment, à demi-mots. Putain...

« Mais tire-toi, connard... » « T'as langue a fourché. ''Tire-moi'', c'est ce que tu voulais dire, non ? » Et là c'est moi. Moi, aujourd'hui. Je n'ai pas tellement changé. Je suis toujours aussi chiant et pervers. D'autant plus que pour le coup, il y a de quoi bien s'amuser avec une tigresse comme Anne-Saucisse. Si elle pouvait m'égorger avec ses ongles, elle le ferait cette furie. Être aussi susceptible et à cran s'explique pourtant très facilement : on n'a pas baisé depuis un petit moment. J'aime le prétendre, convaincu de la dépendance de la jeune femme à mon égard depuis qu'elle a goûté à mon corps et mes prouesses -avec jeu de mots coquin, bien entendu-, pour le plaisir de la voir contre-attaquer et nier en bloc. On se cherche, on se provoque, on s'envoie chier... Mais on sent la tension sexuelle qui ne cesse de croître. Si je m'écoutais, je la prendrais là, sur le comptoir du bar après mon service et un petit joint. Elle a beau avoir son Ronnie à la con, je sais que c'est moi qu'elle veut dans son lit. Ça crève les yeux tant c'est évident. Et je ne suis pas du genre à céder ma place. Anne-Saucisse était à moi avant qu'il ne ramène sa tronche de looser. Je suis prêt à faire exploser leur relation à deux balles, quoiqu'il m'en coûte. Même l'Audi R8 peut y passer, je m'en balance.