C'est au cœur d'un des arrondissements les plus chics de Paris, en 1991, que Zellie pointa le nez. Comme tous bons parents, ses géniteurs furent ravis d'accueillir une si jolie petite fille. Bon, juste sortie, elle ressemblait plus à un machin beige fripé qu'autre chose, mais arracha tout de même quelques larmes aux membres de la famille présents. Il n'y eut aucune complication, et Zellie prouva qu'elle pouvait crier jusqu'à assourdir n'importe quel humain dès qu'elle put ouvrir ses petits poumons. Ramenée dans un élégant appartement, elle eut une nourrice à sa disposition, la nourrissant, changeant, ou lui tapotant les fesses à chaque fois qu'elle faisait un quelconque bruit. Ses parents, trop occupés par leur travail pour s'occuper d'elle, ne furent pas tellement présents. Bien entendu, dès qu'il y avait une séance photo familiale ou une interview pour un magazine, ils l'amenaient et la poussaient à faire les plus jolis sourires. La plupart du temps, cela terminait par du vomi sur le tailleur hors de prix de l'invité. Contrairement ce que l'on pourrait penser, Zellie ne manquait pas d'amour. Elle n'eut pas de problèmes psychologiques, plus tard, cause de l'absence de ses parents. Sa nounou, Anna, était tout ce dont elle avait besoin. Si bien que le premier mot prononcé, « maman », fut adressé à elle. Après cet incident, la nourrice fut virée et remplacée par un dictateur tyrannique. Loin de se mélanger aux autres enfants de son âge dans des écoles, elle fut d'abord scolarisée à la maison dès qu'elle sut lire, à trois ans et demi. Toutes les matières imaginables lui furent enseignées jusqu'à ses six ans, où elle réclama d'aller dans une école publique. Loin d'accepter sa requête, ses parents l'envoyèrent dans un établissement privé religieux pour enfants riches.

Sa différence d'intérêts, de manière de se comporter et autres, firent qu'elle fut très facilement rejetée dans un coin de la cour de récré. Excellant en classe, mais n'ayant aucuns contacts avec les autres, elle commença à s'inventer des amis imaginaires. Bam, première séance chez un psychologue, qui lui apprit malgré lui qu'il était mieux d'être normal. Comme tout le monde. Et de ne jamais montrer une différence, ni une faiblesse. Elle commença à construire dès ses années de primaire une petite cour, avec qui elle était intransigeante. Certains l'adoraient, certains la détestaient, et elle savait que faire pour que ces derniers fassent semblant de l'apprécier. Elle apprit très tôt à établir des systèmes pour obtenir ce qu'elle voulait, ou pour se divertir. Une dispute à cause de quelques mots chuchotés, des tirages de couette à cause d'une rumeur, lui servaient de spectacle permanent.

A son entrée au collège, dans la cour des grands, elle eut ses premiers véritables amis. Elle apprit à s'habiller avec les grandes marques, qu'elle pouvait s'offrir grâce au statut aisé de ses parents, et à se tenir avec élégance, s'attirant les regards des garçons et l'amitié des filles. Elle savait que la plupart n'étaient qu'intéressées, mais elle tira cette situation à son avantage. Elle fit la connaissance, dès la sixième, d'Anakin, grâce à des amis en commun. Ils faisaient partie d'une petite bande sympathique, comprenant garçons et filles. Anakin, c'était son ami, son frère, son confident, celui à qui elle pouvait tout dire sans avoir peur. Elle perdait un peu sa façade de peste face à lui, se laissant être attendrissante et douce. Elle ne voyait pas comme il la regardait. Ses premières expériences avec des garçons furent plus qu'horribles. Elle sortit avec quelques uns, les trouvant tour à tour idiots ou immatures.

Au début, elle fit attention à ne pas se donner totalement dans ses relations, toujours consciente de ce pouvoir qu'avait l'autre par rapport à elle. Les quelques fois où elle osa ouvrir son cœur, il s'en retrouva piétiné. Elle découvrit le monde de la nuit, les soirées, fêtes, boites branchées, tout en essayant de maintenir un niveau scolaire correct pour avoir son bac littéraire. Elle profita de ses années de lycée comme personne. Elle n'eut pas de « petit ami », ne souhaitant pas mettre de label sur ses relations, mais beaucoup de fois, elle se retrouva après des pseudo-ruptures, dans les bras d'Anakin. Le seul qui restait avec elle malgré tout. À ses dix-sept ans, après s'être vue blessée encore une fois par un tombeur, elle fut réconfortée par son ami. Se sentant dépassée et dévastée, elle fit l'erreur de l'embrasser, puis de coucher avec lui. Erreur car elle avait cru que cela changerait tout entre eux. Seulement, ignorant les jours et les mois suivants ce qui s'était passé, elle trouva qu'Anakin n'en faisait pas mention non plus.

Son BAC eu avec mention bien, elle entra à l'université pour faire des études d'histoire, matière préférée lors de ses années devant le tableau noir. Ayant du mal à gérer sa vie sociale, ses activités nocturnes et les cours, ses premières notes furent plus que médiocres. Après deux ans dans ce cursus, elle changea de matière pour essayer les lettres. Depuis toujours, elle avait cet attrait pour les livres, rêvant de devenir écrivain comme tous les autres dans l'auditorium. Elle étudie encore aujourd'hui. Cela fait plusieurs années qu'elle n'a pas eu de relation sérieuse, passant d'un homme à un autre très facilement, ne se laissant pas le temps de s'attacher à quiconque. Quand à Anakin, devenant avec le temps de plus en plus connu, elle eut la surprise de se sentir jalouse de voir ces nombreuses filles s'approcher de lui. Analysant ses sentiments, elle en conclut qu'il était la personne la plus importante à ses yeux, celle qui ne la laisserait jamais tomber et à qui elle tenait le plus. Comment avait-elle pu être aveugle toutes ces années ? Elle qui n'avait jamais eu de problème pour dire ce qu'elle pensait en face des gens, se trouva hésitante à révéler le tournant de ses sentiments au jeune homme. A chaque opportunité, elle se défile, et se sent de plus en plus mal. Peut-être vaudrait-il mieux ne pas se faire d'illusions ?