« Néréa, Néréa ! Cours. »  

L'enfant de cinq ans regarde sa mère, elle entend aussi les sirènes qui lui font peur. Elle a peur, elle ne les aime pas. Néréa et Milana, elles courent quand elle les entendant, tout le temps. Elle sait que si elles ne courent pas, elle ne revoit plus sa mère, elle sait que si elle ne courent pas, elle aura d'autre parents, des moins gentils, des comme son père. D'ailleurs, c'est pour qu'elle coure en serrant la main de sa mère. Son père gît au sol, comme un rat mort, parce qu'il a voulu prendre la petite, parce qu'il a parlé de partir loin, pour sauver sa fille, alors, elle sait que sa mère a mis un produit dans son vin. Du Cyanure. Elle dit que c'est magique, rapide et efficace. Alors, elle a donné ça à son père, et il est mort. Elle sait que c'est le poison favoris de sa mère. C'est la Dame aux Poisons.

« Néréa ! Cesse de faire l'enfant. Tu sais qu'on a pas les moyens. J'aurai du te laisser à l'orphelinat. Regarde où j'en suis ? On a plus rien, pas de maison, pas d'argent, plus rien. J'sais rien faire moi. Rien. Et les clients ne me contactent plus de ta faute. Ils disent que j'vais foiré le contrat. Tu es un putain de conne quand même ! Mange, mange ton foutu Hamburger, et après, on s'casse.  »

C'est pas la première fois qu'elle entend ça, l'adolescente. Elle jette un regard froid à sa mère sans répondre, elles n'ont rien, mais elles ont cet endroit à elle, un vieil appartement abandonné en état. C'est pas l'idéal, et elles y vont que l'hiver, mais au moins, elles sont bien là tout les deux. Alors qu'elle ne se plaint pas, elle fait pas la pute non plus. Et puis, elle arrive à lui ramener des livres d'écoles, des partitions pour le piano, elle a même volé une guitare pour elle. Qu'elle ne se plaint pas si c'est pour mettre autant de risque de se séparer. Elles n'ont plus eu un chez soi. Parfois sa mère va voir d'enseigne conquête d'un soir, pour que sa fille puisse dormi dans un bon lit. Elle sort la même histoire : Mon mari a violé la petite, elle est partie sans rien ... Avec deux gros sac de vêtements dessus. Une fois, elle est même restée deux mois, c'est là qu'elle a appris à jouer du piano. Elle a appris seule et rapidement. Mais le gars est mort, il a tout donné à ma mère, ils s'aimaient, elle dit. Elle dit : Je l'aimais. Mais il ne reste rien, il avait pas beaucoup d'argent. Il reste que l'appartement, et le piano.

« Néréa ! Tu as dix huit ans maintenant, on va se séparer. Ok ? Tu vas faire ta vie, j'ai assez pourri la tienne. J'sais que je t'ai pas montrer ce que c'est la vie normal, mais tombe amoureuse, et sois heureuse. »

Elle regarde sa mère, elle ne pleure pas, elle se contente de répondre à son étreinte. Néréa a vécu trois ans assez étrange avec elle. Entre les disputes, les copains à qui ont doit rien dire, les repas sautées, les nuit d'hiver dans cette appartement, mais elle sait aussi que si elle fait ça, c'est parce que qu'on a démasqué, on sait qui a tué Andréa Honeyducck, et les autres. On a découvert la Dame aux Poisons. Elle vient d'Angleterre, elle est rousse, et s'ensuit une longue description de sa mère. Elle la regarde partir, elle la regarde sans rien dire. Elle la regarde, et pense à ce que sa mère lui a laissé : l'appartement, le piano, la guitare, cette idée de protéger le souvenir de la shoah, et le vide. Le vide. Elle vit avec depuis trois ans. Elle vole, elle ne paye pas l'addition, elle ne se fait jamais repérer, c'est un fantôme, le fantôme de Paris.